Avertissement : Ce document est une traduction française du billet de Jeff Jaffe, CEO du W3C, du 9 mai 2013 Perspectives on Encrypted Media Extension Reaching First Public Working Draft et peut contenir des erreurs. La version originale anglaise est la seule faisant référence.

Les commentaires sur le billet sont bienvenus directement sur le Blog du W3C, dont la langue officielle est l'anglais.

Les commentaires sur la traductions sont attendus avec anticipation sur mon blog.

Traduction : Coralie Mercier - <coralie@w3.org>
$Date: 2013-05-17$


Perspectives sur Encrypted Media Extensions (Extensions pour médias chiffrés) qui atteint le statut de première version de travail publique

Le groupe de travail HTML a annoncé sa décision de publier une première ébauche publique de la spécification Encrypted Media Extensions (Extensions pour médias chiffrés). Une version préliminaire du document a été rendue publique pendant un certain temps, ce qui a incité la Free Software Foundation et d'autres à demander au W3C de ne pas publier ce projet.

Le but de ce billet est d'informer la communauté que, bien que nous saluons et apprécions les contributions de toutes les parties, nous avons l'intention de continuer à travailler sur la protection de contenu, et publier cette ébauche.

L'exigence de notre Communauté

J’évoque délibérément le terme "protection de contenu." Différents éditeurs utilisent le Web de façon disctincte, certains choisissant de rendre le contenu disponible gratuitement, d'autres préférant en contrôler l'accès. La plupart des gens seraient d'accord que les individus et les institutions en général devraient avoir le droit de limiter l'accès à des informations exclusives, ou imposer des frais pour l'accès au contenu qu'ils possèdent. Dans ce contexte, le directeur du W3C a déjà établi que les travaux sur la protection de contenu pour le Web sont pertinents dans le cadre du groupe de travail HTML. Cela répondrait à un ensemble spécifique d'exigences sur HTML fournies au groupe de travail HTML par le groupe d'intérêt Web & TV.

Comment le W3C développe les standards du Web

Il est utile d'examiner le processus qu’emploie le W3C pour développer les standards du Web. Il s'agit d'un processus de consensus grâce auquel nous réunissons des parties aux intérêts vastes et divers, et que nous faisons collaborer et parvenir à un consensus en traitant les innombrables façons par lesquelles le Web fournit une valeur de plus en plus importante à la société. L'objectif principal est de maximiser l'interopérabilité et l'ouverture - des valeurs qui nous ont bien servis. Dès que nous recevons des exigences pour une fonctionnalité améliorée, nous les examinons dans les groupes de travail du W3C. Une fois qu’un groupe de travail est constitué autour d’une cadre particulier, le groupe dispose d'autonomie dans la façon dont il satisfait les exigences comprises dans ce cadre. Il appartient donc au groupe de travail HTML de faire de son mieux pour répondre aux besoins de protection de contenu identifiés dans le but ultime d'améliorer l'interopérabilité sur le Web. À l'heure actuelle, la seule proposition de protection de contenu mise en avant au sein du groupe de travail HTML est la spécification EME. D'autres discussions sur la protection de contenu et sur les solutions alternatives correspondant aux besoins se déroulent dans le groupe communautaire sur les médias restreints (Restricted Media Community Group), et pourraient alimenter l'effort de standardisation du groupe de travail HTML.

Il est typique à ce stade précoce de développement qu'il y ait des problèmes; EME est une ébauche et non pas une recommandation finale. Le groupe de travail HTML publiera des modifications, sollicitera des commentaires, répondra aux questions, et appliquera des décisions consensuelles, tout cela faisant partie de la procédure habituelle du W3C. Toutes les spécifications du W3C sont développées sous la politique de brevets du W3C, ayant comme objectif d'assurer que les standards définitifs peuvent être mis en œuvre sur une base libre de droits (Royalty-Free (RF)). Le groupe de travail compte sur des implémentations par des logiciels libres (open source) de la spécification EME.

Le débat DRM et comment il se rapporte aux standards du Web

Voici notre vision des raisons pour lesquelles EME est une spécification à controverse, en dépit de l’avis général qu'une certaine forme de protection de contenu est nécessaire pour le Web. La spécification EME définit des interfaces de programmation d'applications (API) qui donneraient accès à des modules de déchiffrage de contenu (content decryption modules (CDMs)), ce qui fait partie de la gestion numérique des droits (Digital Rights Management (DRM)). Le W3C ne normalise pas la technologie CDM, mais on peut craindre que la standardisation des APIs pourrait encourager l'utilisation de CDM - que certains considèrent comme étant en opposition avec les principes de Web ouvert.

Bien que ce point de vue est important à considérer dans le cadre du débat, nous avons entendu de multiples arguments pratiques et de principe, des deux côtés de la question.

Nous aspirons tous à une expérience riche en provenance du Web. Des arguments de principe en faveur de la protection des contenus commencent à souligner que le Web doit être capable d’héberger toutes sortes de contenus et qu'il doit être possible de compenser le travail créatif. Sans la protection de contenu, les propriétaires de contenus vidéo exclusifs - poussés à la fois par leurs objectifs économiques et par leur responsabilité auprès d'autres - vont tout simplement priver le Web ouvert de ce contenu-clé. Par conséquent, bien que les systèmes DRM ne sont clairement pas ouverts, le Web ouvert doit pouvoir en tenir compte du mieux possible, dans la mesure où nous ne franchissons pas la limites des standards soumis à servitudes de brevet, ou de normes qui ne permettent pas de mise en œuvre à code source ouvert. Il a également été noté qu'un certain nombre de technologies brevetées largement déployées sont utilisées sur le Web, y compris certains codecs vidéo ainsi que des technologies accessibles par plug-in d’APIs. Nous ne sommes pas en faveur de codecs vidéo propriétaires mais nous reconnaissons que pour établir des normes à grande portée prenant en charge l'interopérabilité, il est essentiel d'inclure des connexions à ces éléments propriétaires, dont certains pourront être remplacés ultérieurement par des standards ouverts.

Certains soutiennent que nous ne devrions pas standardiser les interfaces de CDM qui auraient pour effet d’enfermer du contenu protégé dans son propre jardin clos. Ce serait une erreur. C’est la très grande responsabilité du W3C d’œuvrer pour une large interopérabilité, afin que les gens puissent partager des informations, que le contenu soit protégé ou disponible gratuitement. Une situation où les contenus exclusifs sont relégués à des applications inaccessibles au Web ouvert ou à des dispositifs complètement verrouillés serait bien pire pour tous.

Il y a eu également des critiques sur EME quant à son impact sur le développement de logiciels libres, en particulier la question de savoir si EME peut être mis en œuvre en code source ouvert. Il est à noter que la proposition d’APIs (non-propriétaires) fonctionnerait aussi bien avec des CDMs propriétaires qu’avec des systèmes de protection de contenus non propriétaires qui pourraient être mis en œuvre dans les logiciels libres. Ces derniers pourraient ne pas offrir le même degré de protection de contenu - ils pourraient être contournables - et s'appuieraient plus sur des conventions sociales que sur l'impénétrabilité. En tout candeur, nous ne voyons pas ces solutions comme étant acceptables aujourd’hui pour les propriétaires de contenu vidéo exclusif, mais cela pourrait changer dans le temps, ou bien ils pourraient convenir à d’autres dans la communauté ayant différentes exigences pour leur contenu.

Étapes suivantes

Le W3C en tant qu'organisation va peser l’ensemble de ces considérations complexes afin de déterminer le bon équilibre pour la plate-forme Web ouverte. Il y a des principes et des arguments pragmatiques des deux côtés du débat. En nous associant à tous, je crois que nous avons une bien meilleure chance de réussite que si nous ne le faisons pas. Nous invitons la communauté à étudier le premier document de travail de la spécification EME. Nous invitons également ceux ayant des propositions alternatives qui répondent aux besoins, d’envisager de rejoindre le groupe de travail HTML, ou d'en discuter au sein du groupe communautaire sur les médias restreints (Restricted Media Community Group).

Filed by Jeff Jaffe on May 9, 2013 3:00 PM in CEO, Open Web
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